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■ Eine Krone von Veilchen
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2008-06-21 | [Text in der Originalsprache: francais] | Veröffentlicht von Guy Rancourt
Dans l’air clarifié,
lorsque la consolation de la rosée tombe déjà sur la terre, invisible et imperceptible - car la rosée consolatrice porte des chaussures fines, comme tous les doux consolateurs, - songes-tu alors, songes-tu, cœur chaud, comme jadis tu avais soif, de larmes divines et de gouttes de rosée, altéré et fatigué, cependant que sur les sentiers jaunis, dans l’herbe, des rayons de soleil couchant, méchamment, au travers des arbres noirs, couraient autour de toi, des rayons de soleil, ardents, éblouissants, malicieux. « Le prétendant de la vérité? toi? – ainsi se moquaient-ils, - Non! Poète seulement! une bête fauve, rusée et rampante, qui doit mentir : qui doit mentir sciemment, volontairement, guettant sa proie, masquée de couleurs, masque pour elle-même, proie d’elle-même. Ceci le prétendant de la vérité!... Non! Rien qu’un fou, un poète tenant un langage imagé, criant sous un masque bariolé de fou, errant sur des mensongers ponts de paroles, sur des arcs-en-ciel multicolores, parmi de faux ciels et des terres fausses, errant, planant çà et là , Rien qu’un fou! un poète! Ceci – le prétendant de la vérité?... ni silencieux, ni rigide, ni lisse, ni froid, changé en image, en statue divine, ni placé devant les temples, comme gardien du seuil d’un Dieu : Non! ennemi de tous ces monuments de la vérité, plus familier de toutes les brousses que de l’accès aux temples, plein de caprices de chat, sautant par toutes les fenêtres, vlan! dans tous les hasards, reniflant dans toutes les forêts vierges, reniflant d’envie et de désir! Ah! que tu coures dans les forêts vierges, parmi les fauves bigarrés, bien portant, haut en couleur et beau comme le péché, avec des babines lascives, divinement moqueur, divinement infernal,divinement altéré de sang, que tu coures sauvage, rampeur, menteur : Ou bien, semblable à l’aigle qui regarde longtemps, longtemps, fixement, dans les abîmes, dans ses abîmes : ô comme ils tournoient descendant de plus en plus bas, puis tout à coup, d’un trait droit, d’un vol aigu, foncent sur des brebis, tout soudain, affamés, avides de ces agneaux, ennemis de toutes les âmes de brebis détestant tout ce qui a le regard moutonnier, l’œil, la laine frisée, ou la grise douceur de l’agneau! Tels, félins, aquilins, sont les désirs du poète, Tes désirs, entre mille masques, ô fou, ô poète!... Toi qui as vu l’homme, tel Dieu, comme un agneau : Déchirer Dieu dans l’homme, comme l’agneau dans l’homme, rire en le déchiquetant, Ceci, ceci est ta félicité! La félicité d’un aigle et d’une panthère, la félicité d’un poète et d’un fou!... Dans l’air clarifié, quand déjà le croissant de la lune glisse ses rayons verts, envieusement, parmi la pourpre du soir, - ennemi du jour, le pas glissant furtif, devant les prés inclinés de roseraies jusqu’à ce qu’ils s’effondrent pâles dans la nuit : - C’est ainsi que je suis tombé moi-même jadis de ma folie de vérité, de mes désirs du jour, fatigué du jour, malade de lumière, que je suis tombé plus bas, vers le soir et vers l’ombre : Brûlé et altéré par une vérité - t’en souviens-tu, t’en souviens-tu, cœur chaud, comme alors tu avais soif? – Que je sois banni de toutes les vérités! Rien que fou! Rien que poète! (Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra. Aussi repris in Dithyrambes pour Dionysos)
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