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■ Eine Krone von Veilchen
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2022-05-20 | [Text in der Originalsprache: francais] | Veröffentlicht von Guy Rancourt Celui qui veut tomber, Très vite, L’abîme l’engloutit ! -Mais toi, Zarathoustra, Tu aimes jusqu’au gouffre, Et tu imites le sapin ! Il prend racine Là où le rocher lui-même Penche avec effroi vers l’abîme, Il hésite au bord des gouffres, Où toute chose alentour Aspire au précipice. Au milieu de l’impatience Des sauvages éboulis et des chutes d’eau, Il demeure calme, patient, dur, muet, Solitaire… Solitaire ! Mais qui oserait Accepter une telle hospitalité, La tienne. Peut-être un oiseau de proie, Qui, lui, s’accroche Aux cheveux du martyr endurant, Plein d’une joie maligne, Avec un ricanement insensé Un ricanement d’oiseau de proie : À quoi bon tant d’endurance ? -raille-t-il si cruellement : quand on aime l’abîme, il faut avoir des ailes… et ne pas rester en suspens comme toi, le pendu ! Oh Zarathoustra, le plus cruel des Nemrods ! Naguère encore chasseur de Dieu, piège de toutes les vertus, flèche du mal ! Désormais… traqué par toi-même, tu es ta propre proie, Fichée en toi-même… Désormais… seul avec toi, dédoublé dans son propre savoir, parmi cent miroirs, à tes propres yeux fallacieux, parmi cent souvenirs incertain, épuisé par chaque blessure, transi à chaque gelée, étranglé par tes propres liens, connaisseur de toi-même ! bourreau de toi-même ! Pourquoi te lier avec la corde de ta sagesse ? Pourquoi t’attirer au paradis de l’antique serpent ? Pourquoi t’insinuer en toi – en toi ? Un malade, désormais, victime du venin, un prisonnier, désormais, qui a tiré le plus dur des sorts : travaillant courbé dans son propre puits, creusant toi-même ta propre caverne, ta propre tombe, désemparé, engourdi, cadavre – sur qui s’élève une tour de mille fardeaux écrasé par toi-même, un savant ! Qui se connaît lui-même ! Le sage Zarathoustra ! Tu as cherché le fardeau le plus lourd : et c’est toi que tu as trouvé – tu ne te débarrasseras pas de toi… Aux aguets, accroupi, tu ne sais déjà plus te tenir droit ! Tu ne vis plus qu’en dégénérant avec ta tombe, esprit dégénéré ! Et naguère si fier encore, monté sur toutes les échasses de ton orgueil ! Naguère encore, ermite solitaire et sans Dieu, ermite partageant sa solitude avec le diable, prince écarlate de toute démesure ! Désormais – recroquevillé entre deux néants, point d’interrogation, énigme éculée – énigme pour oiseaux de proie… ils viendront bientôt te « résoudre » ils ont déjà faim en pensant à cette « solution », ils battent des ailes autour de toi, leur énigme, autour de toi, pendu ! Oh Zarathoustra ! connaisseur de toi-même ! bourreau de toi-même ! (Friedrich Nietzsche, Dithyrambes pour Dionysos)
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