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■ Eine Krone von Veilchen
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2022-05-19 | [Text in der Originalsprache: francais] | Veröffentlicht von Guy Rancourt Qui me réchauffe, qui m’aime encore ? Donnez des mains chaudes ! donnez des cœurs-réchauds ! Étendu, frissonnant, un moribond à qui l’on chauffe les pieds — secoué, hélas ! de fièvres inconnues, tremblant devant les glaçons aigus des frimas, chassé par toi, pensée ! Innommable ! Voilée ! Effrayante ! chasseur derrière les nuages ! Foudroyé par toi, œil moqueur qui me regarde dans l’obscurité : — ainsi je suis couché, je me courbe et je me tords, tourmenté par tous les martyres éternels, frappé par toi, chasseur le plus cruel, toi, le dieu — inconnu… Frappe plus fort ! Frappe encore une fois ! Transperce, brise ce cœur ! Pourquoi me tourmenter de flèches épointées ? Que regardes-tu encore, toi que ne fatigue point la souffrance humaine, avec un éclair divin dans tes yeux narquois ? Tu ne veux pas tuer, martyriser seulement, martyriser ? Pourquoi — me martyriser ? Dieu narquois, inconnu ? — Ah ! Ah ! Tu t’approches en rampant au milieu de cette nuit ?… Que veux-tu ! Parle ! Tu me pousses et me presses — Ah ! tu es déjà trop près ! Tu m’entends respirer, Tu épies mon cœur, Jaloux que tu es ! — de quoi donc es-tu jaloux ? Ôte-toi ! Ôte-toi ! Pourquoi cette échelle ? Veux-tu entrer, t’introduire dans mon cœur, t’introduire dans mes pensées les plus secrètes ? Impudent ! Inconnu ! — Voleur ! Que veux-tu voler ? Que veux-tu écouter ? Que veux-tu extorquer, toi qui tortures ! toi — le dieu-bourreau ! Ou bien, dois-je, pareil au chien, me rouler devant toi ? m’abandonnant, ivre et hors de moi, t’offrir mon amour — en rampant ! En vain ! Frappe encore ! toi le plus cruel des aiguillons ! Je ne suis pas un chien — je ne suis que ton gibier, toi le plus cruel des chasseurs ! ton prisonnier le plus fier, brigand derrière les nuages… Parle enfin, Que veux-tu de moi, brigand ? Toi qui te caches derrière les éclairs ! Inconnu ! parle ! Que veux-tu, Dieu inconnu ? toi qui guettes sur les chemins, que veux-tu, — de moi ?… Comment ? Une rançon ! Que veux-tu comme rançon ? Demande beaucoup — ma fierté te le conseille ! et parle brièvement — c’est le conseil de mon autre fierté ! Ah ! Ah ! C’est moi — moi que tu veux ? Moi — tout entier ?… Ah ! Ah ! Et tu me martyrises, fou que tu es, tu tortures ma fierté ? Donne-moi de l’amour. — Qui me chauffe encore ? qui m’aime encore ? — Donne des mains chaudes, donne des cœurs-réchauds. donne-moi, à moi le plus solitaire, que la glace, hélas ! la glace fait sept fois languir après des ennemis, après des ennemis même, donne, oui abandonne- toi — à moi, toi le plus cruel ennemi ! Parti ! Il a fui lui-même, mon seul compagnon, mon grand ennemi, mon inconnu, mon dieu-bourreau !… — Non ! Reviens ! avec tous tes supplices ! Ô reviens au dernier de tous les solitaires ! Toutes mes larmes prennent vers toi leur cours ! Et la dernière flamme de mon cœur — s’éveille pour toi ! Ô, reviens, Mon dieu inconnu ! ma douleur ! mon dernier bonheur ! (Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra. Aussi repris in Dithyrambes pour Dionysos)
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